RÉTROSPECTIVE CATHERINE CORSINI
12e édition
Festival international de cinéma queer de Lyon et de la Métropole
Toutes pour une
Après avoir rêvé passionnément de faire du théâtre, et de devenir comédienne, Catherine Corsini constate qu’elle ne trouve pas sa place, elle renonce non sans mal. Elle bifurque vers la réalisation et tourne trois courts-métrages. Par la suite, elle co-écrit chacun de ses longs métrages et tisse progressivement une carrière au fil de laquelle elle va faire appel à des actrices talentueuses représentatives de leur génération. De Caroline Cellier à Nathalie Richard, Karin Viard, Catherine Frot, Emmanuelle Béart, Pascale Bussières, Jane Birkin, Amira Casar, Kristin Scott Thomas (Partir a été écrit pour elle), Cécile de France (La Belle Saison, aussi), Clothilde Hesmes, Virginie Efira, Marina Foïs ou encore Valeria Bruni Tedeschi… Des actrices toujours choisi avec justesse pour des histoires souvent très personnelles, vécues, observées ou racontées comme autant de témoignages ancrés dans la réalité. Elle écrit des films qui s’engagent contre l’aliénation sociale, le racisme, la violence, l’homophobie. Dans ces films, les héroïnes essaient de sortir des lignes qu’on leur impose. Corsini montre les contradictions, les zones d’ombre de chacune et cherche à révéler chaque acteur au contact d’un rôle, à provoquer un miracle.
De Hélène, la joueuse perdue de Poker son premier film, au couple au bord de la rupture formé par Raf et Julie dans La Fracture, son dernier film, en passant par la Viviane hors normes des Amoureux, par la pétillante et amoureuse Camille de La Nouvelle Ève, par la manipulatrice Judith des Ambitieux ou encore par les mutuellement toxiques Nathalie et Louise de La Répétition, Catherine Corsini par ses portraits de femmes creuse avec une clairvoyance toujours plus subtile, les affres de la passion et du désir. Quelle que soit la tonalité choisie (sombre pour La Répétition, légère dans La Nouvelle Ève, urgente dans La Fracture), elle s’affirme comme l’une des plus sensibles scrutatrices des pulsions, des méandres des sentiments, ou de la souffrance amoureuse, cherchant l’émancipation de ses personnages tous plongés dans des déséquilibres féconds. Autant de sublimes portraits féminins contemporains dressés au profit d’une filmographie engagée et tonique, unique et essentielle qui donne raison au destin initialement contrarié de cette réalisatrice sensible. Comme quoi ! Les débuts chaotiques peuvent parfois se révéler hautement bénéfiques, car en attendant, Catherine Corsini continue régulièrement à nous parler de l’état de la société et à nous donner des précieuses nouvelles du monde via ses films.
Bruno Thévenon
12e Édition du festival écrans mixtes 2022
