Prendre le large

Un film de Gaël Morel

Fiction / France / 2017 / 1h43

Avec : Sandrine Bonnaire, Mouna Fettou, Kamal El Amri, Ilian Bergala, Farida Ouchani, Nisrine Radi

Dans l’usine de textile où Edith travaille, c’est l’heure des licenciements. Là où ses collègues acceptent les indemnités de départ, elle choisit de se battre pour travailler. Veuve et mère d’un fils parti se pacser à Paris avec son copain sans qu’elle le sache, et vivant seule dans une maison au milieu des vignes du Beaujolais, elle n’a rien à perdre, et choisit de prendre le large, au propre comme au figuré, en acceptant une reclassification au Maroc dans une usine du groupe.

Sur place, sa compétence est ignorée et elle se retrouve dans un atelier de couture parmi des dizaines d’employé·es placé·es sous la dictature d’une contremaître et de machines défectueuses qui lui brûlent les mains...

Le monde du travail, la famille, l’envie d’ailleurs, la condition des femmes en particulier et des humains en général, sont les sujets chers à Gaël Morel dans ce nouvel opus. Il y aborde un personnage de femme timide mais toujours en mouvement façonné spécialement pour Sandrine Bonnaire. Lui qui admire en elle cette appartenance au même milieu social populaire que le sien, et pour qui le poids de la cinéphilie acquis via le cinéma de Pialat (À nos amours) est un formidable et inestimable atout ! Dans ce film de femmes sans homme, et surtout sans leur regard, l’actrice le lui rend particulièrement bien par la justesse de ton qu’elle apporte à ce personnage qui a de l’audace et qui, rebelle, trouve insultant de dépendre d’un système quel qu’il soit. Prouvant ainsi, après l’expérience précédente avec Catherine Deneuve dans Après lui, que l’auteur des très masculins Notre paradis et Le Clan n’est pas qu’un cinéaste "de mecs", mais surtout quelqu’un qui aime et magnifie acteurs comme actrices dans des rôles à leur mesure.

Bruno Thévenon